Aspects généraux du phénomène :
L’émigration n’est pas un phénomène récent à Figuig. Depuis des siècles, ce mouvement semble régulariser l’équilibre entre les ressources locales et la population. Mais grâce aux progrès des moyens de transports, l’émigration de l’époque contemporaine prit une nouvelle dimension. Elle fut orientée vers les villes marocaines et algériennes d’abord, et vers d’autres pôles d’attractions ensuite, en l’occurrence, l’Europe et presque exclusivement la France. L’Italie et l’Espagne, qui abritent de nombreux jeunes émigrés surtout clandestins à l’origine, ne furent concernées que depuis une décennie. L’importance des transferts financiers de l’émigration surtout internationale n’a cessé d’avoir un impact grandissant sur la société, l’urbanisation, et l’économie, jusqu’à même nourrir une émigration considérable de paysans et d’ouvriers de conditions modestes, essentiellement originaires de la région de Tafilalet vers Figuig pour combler un vide remarquable de main d’œuvre au cours des deux dernières décennies.
Le ralentissement du mouvement migratoire fut compensé par le regroupement familial qui fit tache d’huile chez les jeunes migrants. Cependant, les transferts financiers demeurent importants avec la rémigration de retraités de la première génération et la revalorisation des pensions et des différentes allocations. Toutefois, de nombreux rémigrés ont tendance à s’installer dans d’autres villes que Figuig.
Impact de l'émigration sur l'environement:
L'émigration a eu un impact remarquable sur le milieu dans l'oasis de Figuig. Il s'agit surtout de l'émigration internationale de travail qui est nettement marquée par l'importance des transferts financiers et le maintien des raports des émigrés avec leurs terroirs. Cet impact se manifeste dans l'état des ressources principales, en l'occurrence sol -eau-végétation, paradoxalement sous deux aspects opposés: la dégradation et la préservation.

Le mécanisme de la dégradation est lié soit à l'abandon des terroirs habituellement irrigués soit à la surexploitation des eaux et du sol. Dans le premier cas, il s'agit surtout de l'accroissement du degré de salinité des sols forte évapotranspiration. Les propriétaires émigrés de ces ces terroirs étant absentéistes, l'activité agricole se réduit souvent souvent au minimum vital requis pour le maintien de la survie des partielle souvent confiée à des proches tend vers un abandon total, faute d'entretien et de rendement. Cette situation favorise une dégradation inéluctable qui se traduit par la stérilisation des sols et la prolifération des maladies notamment phénicicoles comme le bayoud. Dans le deuxiéme cas, la dégradation liée à la surexploitation se situe à l'opposé de l'abandon.

L'impact du phénomène migratoire sur l'écosystème oasien se manifeste aussi à d'autres niveaux. Les apports financiers des émigrés ont revalorisé le travail agricole dans l'oasis par le biais d' "investissements" par creusement et équipement de puits, achat à prix élevés des droits d'eau de source, et payement d'une main d'oeuvre agricole de plus en plus attirée d'ailleurs. La quasi-totalité des transferts financiers placés dans l'agriculture proviennent essentiellement des émigrés vers les pays européens.

Cet appui financier largement maintenu par la premiére génération fut renforcé avec flux de retour en retraite. Les activités agricoles connurent une intensification sur certaines parcelles avec une extension importante des terres agricoles malgré l'appauvrissement des sols par prélévement excessif des éléments nutritifs, et puits déja relativement salés s'ajoutera le surpompage qui sera reponsable de la contamination d'autres puits à l'origine non salés. A lasuite de l'appauvrissemnt des sols par salinité et de l'asphyxie des plantes non halophiles, notamment les palmier-dattiers, plusieurs puits sont abandonnés.

Impact socio-économique :
Les données humaines sont aussi intéressantes, elles nous montrent que Figuig soufre d’un manque de ressources économiques, Il " expédie " ses " hommes les plus valides " vers les grandes villes ou vers l’étranger.   L’émigration vers l’Europe fut un grand secours aux habitants de Figuig, notamment à la suite de la confiscation d’une bonne partie de leurs terroirs agricoles par le Gouvernement algérien. Ces terres historiquement marocaines furent héritées de la colonisation française par l’Algérie, faute de leur restitution aux marocains lors de leur indépendance. L’impact de cette émigration qui a maintenu un certain équilibre relatif avec la première génération, du départ au retour définitif, risque de virer vers un déséquilibre avec les mutations récentes du phénomène migratoire. Le regroupement familial des jeunes émigrés et le processus de leur intégration, le ralentissement ou l’arrêt même du mouvement migratoire ainsi que l’absence d’un véritable programme de développement risquent-ils de compromettre l’équilibre écologique, fragile soit-il, dans l’oasis de Figuig ? Quel aménagement, quel développement, pour quel avenir ?